LE VOYAGE A MILLAU

M. Arnaud Riou, responsable maintenance du viaduc de Millau, nous avait proposé de venir le rencontrer pendant les vacances de Février. Nous n’avons malheureusement pas pu nous déplacer à ce moment et nous sommes donc descendu dans le sud à la belle saison : en avril. La grand-mère de Gautier nous a accueilli le jeudi 20 à Millau et le lendemain nous nous sommes présentés à la barrière du péage St Germain.

M. Riou nous a indiqué un technicien qui nous a fait une visite très complète de 5 heures environ de toute leur installation, du gestionnaire technique centralisé (GTC) au « PC » jusqu’aux instruments à l’intérieur du tablier en passant par la barrière de péage.

Nader sous le péage

Nader Younsi, contemplant la galerie d’accès aux postes du péage.

Thierry Vayssade (Technicien), Etienne Botek, Nader Younsi.

(de gauche à droite) Thierry Vayssade (Technicien), Etienne Botek, Nader Younsi.

Le GTC

Afin de surveiller le viaduc dans ses moindres détails, Eiffage, le concessionnaire du pont, a mis en place un certain nombre de systèmes de surveillances qui permettent de suivre en temps réel tous les paramètres qui pourraient éventuellement évoluer et entraîner l’apparition de complications au niveau du pont (instabilité, etc.).

On trouve ainsi :

Les caméras

Sur le viaduc, on en trouve deux par pylônes afin de surveiller les deux sens de circulation. Elles sont utilisées pour détecter tout incendie, véhicule en difficulté ou piéton sur la chaussée (ce qui est interdit étant donné qu’il s’agit d’une autoroute).

On en trouve aussi dans le bâtiment situé à coté du pont et qui héberge tous les bureaux, le GTC, le coffre (où est rassemblé l’argent du péage), etc. De cette façon, elles permettent de vérifier, en plus des portes sécurisées, qu’aucun intrus n’a pénétré de façon non légitime dans l’enceinte de l’établissement ou dans le cas échéant de retrouver une personne qui aurait commis un délit. En effet, chaque personne travaillant au sein du bâtiment possède un badge qui lui est propre et qui donc leur donne accès à un nombre précis de salles de contrôles ; chaque ouverture et fermeture de porte est enregistré : quel heure, quel personne.

La ventilation

A l’aide d’un système de ventilation sophistiqué, l’hygrométrie à l’intérieur du tablier est maintenue très faible afin d’éviter toute oxydation des métaux qui constituent le tablier et permettent ainsi la pérennité de l’infrastructure. Ainsi lorsque nous avons marchés dans la « colonne vertébrale » du tablier, sous l’autoroute, nous avons ressentis que l’air était très sec.

Les systèmes de mesures

Afin de contrôler au mieux le viaduc, on cherche à mesurer la plus grande quantité de paramètres possible. Ainsi, on étudie de très près les joints de chaussée afin de savoir si on peut faire face à la dilatation ou pas. La surveillance s’effectue également par des détecteurs au sol, qui calculent la vitesse moyenne des véhicules ainsi que le nombre de poids lourds afin de réguler la circulation du mieux possible. On étudie aussi de très près la vitesse du vent ainsi que la température qui sont deux paramètres qui influencent beaucoup de paramètres notamment la dilatation du tablier.

Les téléphones

Les téléphones présents sur la voie sont au nombre de huit pour chacun des sens de circulation correspondant au nombre de piles. Donc un téléphone entre chaque pile sachant que quelque soit la position du véhicule ou du piéton, il y aura toujours au moins deux cameras pour le filmer.

Les cuves

A chacune des extrémités du viaduc, on trouve une cuve de capacité 125 m cube contenant de l’eau qui pourra éventuellement servir pour les services de sécurité ou les pompiers. Chaque mois est réalisée une vidange des cuves afin d’utiliser les différents tuyaux et vérifier qu’ils ne sont pas abîmés.

Détection automatique d’incidents et signalisation automatique
Détection automatique d’incidents
et signalisation automatique

Synthèse du viaduc de Millau
Synthèse du viaduc de Millau

Groupe électrogène
Groupe électrogène

Gestionnaire Technique Centralisé (GTC)
Gestionnaire Technique Centralisé (GTC)

Détection automatique d’incidents et signalisation automatique
Détection automatique d’incidents
et signalisation automatique

Synthèse du viaduc de Millau
Synthèse du viaduc de Millau

…et même les portes ont leurs capteurs

En effet sur le GTC apparaissent toutes les portes des piles et du bâtiment contenant les bureaux, le coffre etc. Et grâce à des capteurs, on sait si elles sont ouvertes ou fermées.

La barrière de péage

Ecrans

Ecrans

Monsieur Vayssade nous a montré rapidement que le péage lui même était très surveillé. Par exemple, lorsque nous étions dans cette salle, une personne essayait de payer par carte bancaire dans une file réservée aux abonnés, cela a été détecté et la responsable a pu prévenir la personne. Nous avons tout vu : comment l’argent est transféré dans le coffre dans le sous-sol du PC, des système de lecture de cartes en cours d’entretien, l’emplacement des caméra du site de la barrière de péage, le plan du péage qui sera étendu de 14 à 18 voies. En effet ils sont victimes de leur succès, le nombre de véhicule par jour a été sous-estimé d’un tiers.

Le tablier

Autoroute
Après toutes ces explications nous sommes allés voir le viaduc lui-même à quelques kilomètres.

Portail
Sortie express sur la BAU, puis entrée dans la zone interdite au public

La partie centrale de l’intérieur du tablier
La partie centrale de l’intérieur du tablier

Nous sommes allés jusqu’à l’extrémité sud car le chemin d’accès à l’extrémité nord est plus accidenté malgré la présence d’un système de surveillance plus important. Nous sommes entrés dans la structure d’attache du pont ou nous avons vu un générateur de secours et une cuve d’eau puis nous sommes entrés dans le tablier même.

L’extrémité d’un hauban vu de l’intérieur du tablier
L’extrémité d’un hauban vu de l’intérieur du tablier

A cet endroit le port du casque est obligatoire. Il est très facile de se faire avoir dans l’obscurité…




Un hygromètre dans une partie latérale

Un hygromètre dans une partie latérale

Nous avons marché jusqu’à la pile P7, la première pile coté Sud, où nous avons pu observer la cavité dans le pylône et le sol par une trappe. A 77 mètres de haut les sensations du vide sont déjà bien présentes. On imagine difficilement à 245 mètres (soit le 3ème étage de la tour Eiffel) sur la P2 l’impression que l’on pourrait ressentir et encore moins au sommet de son hauban qui culmine à 343 mètres ! Monsieur Vayssade nous a alors raconté qu’une entreprise avais proposé à Eiffage de louer l’intérieur de la pile P2 pour en faire un mur d’escalade. Ce n’est pas étonnant quand on voit la surface qu’offre un tel ouvrage.

Joins de chaussée

Le viaduc est relié au sol par des joins relativement souples. En effet en été il peut mesurer 1 ou 2 mètres de long de plus qu’en hiver. En été on peut même le voir bouger par à-coups de quelques dizaines de centimètres, impressionnant !

Joins de chaussée

Le viaduc vu de sont extrémité sud

Le viaduc vu de sont extrémité sud

Photo finale prise par Monsieur Vayssade du coté Sud du tablier (C8)